Anne-Charlotte de Villaine

Quand j'étais petite, un livre de Doisneau trônait précieusement dans le bureau de mon papa. Il lui avait été offert par ma maman pour leur premier Noël et il adorait le regarder et le regarder encore. Étant moi-même une grande nostalgique du passé, j'étais fascinée par ces images du siècle dernier : la profonde authenticité de ces scènes de vie toutes simples et la beauté des prises de vue m'émouvaient profondément.

Mon père aux grandes mains calleuses de paysan, m'a transmis son amour d'un siècle révolu où il aurait tant préféré vivre et, par ce livre, l'amour de la photographie. Si la paysannerie d'autrefois s'est éteinte, laissant les derniers hommes de nos campagnes seuls et oubliés, la photographie gardera toujours ce don immense qui faisait sourire le coeur de mon père : nous raconter l'histoire, nous faire nous souvenir et nous faire rêver.

Je suis photographe parce que l'intemporalité des choses de la vie me fascine. En capturant leur authenticité, je travaille à mon tour à les rendre éternelles.
Voici mon rêve : que les coeurs des hommes, à la vue d'une seule photo, continuent à sourire.